L'édito du mois
Edito avril 2024 Concepto de negocio
Idea de negocio
Dans un contexte mondial de forte influence libérale, il va de soi que les acteurs économiques ont tendance à adopter des modèles leur garantissant le profit qui leur permettra d’assurer le développement de leur entreprise.
Parmi les composants de son produit l’entrepreneur doit tenir compte – au-delà de la matière première et de la valeur ajoutée – de l’évolution de la clientèle et des besoins de celle ci.
Concernant le produit il y a parfois celui qu’attend le client – c’est l’idéal – et bien plus souvent celui que le producteur cherchera à imposer au client.
Le mundillo n’échappe pas à cette évolution étant entendu qu’il faut distraire de cette approche libérée les promoteurs à statut associatif qui sont en charge de la tauromachie la plus populaire, la plus authentique, dont l’objectif n’est pas le profit et qui malgré cela ou à cause de cela sont contraints d’équilibrer les comptes au moyen de recettes annexes et subsidiaires.
En tauromachie un nouveau produit pointe désormais son nez chez les entrepreneurs qui mérite un développement particulier : la corrida ou la novillada réduite à quatre taureaux et à deux piétons.
Parmi les arguments affichés par ces entrepreneurs, l’affirmation que les spectacles à six taureaux seraient trop longs pour les jeunes aficionados, le fait que la competencia serait ainsi augmentée, l’assurance de confrontations plus équilibrées et – in fine – l’amélioration du résultat économique assurant un profit ouvrant un avenir.
Sans évoquer les effets négatifs du nombre de contrats qui diminuent mécaniquement pour les professionnels et les éleveurs il n’est pas inutile de souligner une conséquence défavorable au client mais espérée quasi indolore pour l’aficionado.
En effet et à partir des expériences vues ici et là et des offres pour la présente saison un constat s’impose pour celui qui passe à la taquilla.
Moins un piéton et moins deux animaux réduit d’un tiers le contenu du spectacle alors que – force est de le constater – le prix du billet est resté constant. Conclusion : le prix du billet payé pour ce spectacle aménagé augmente de + 33 %.
On nous rétorquera que les coûts de production ont progressé avec l’inflation, le prix du gaz, l’électricité, les carburants, l’alimentation, les services, les rémunérations…
Nous pourrons répondre qu’à notre connaissance et sauf à nous démontrer le contraire, les prix de vente des taureaux ou les émoluments du convenio n’ont pas explosé et encore moins atteint ce niveau.
Il apparaît surtout que le mundillo expérimente ce concept venu du monde anglo-saxon et dénommé shrinkflation , traduit en bon langage gaulois par le néologisme réduflation.
La réduflation arrive désormais en France avec son effet documenté par les économistes : maintenir le prix d’un produit tout en réduisant sa quantité, ainsi la valeur faciale opposable au client reste identique.
La réduflation taurine nous guette, soyons vigilants et sélectifs.
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