Sous une pluie battante et un ruedo inondé, la dernière corrida a sauvé les autres. Enfin des taureaux, des vrais, puissants, solides, imposants (plus de 600kg de moyenne) et exigeants pour les quatre premiers. Enfin de vrais tercios de piques, un groupe équestre à terre sous la poussée du 4. Est-ce un hasard si pour la première fois trois piques sur six sont montées à l’envers, dont les deux des picadors de Ferrera ?
Ce dernier ne veut ni voir ni toréer le 1, probablement le meilleur du lot, un encasté qui se retourne et le déborde. Pas de faena, quel dommage ! Le 4, 678kg, répète les charges. La pluie redouble, la faena est loin d’être à la hauteur du taureau, second silence.
Lopez Chaves fait ses adieux à Bilbao. Le 2 est compliqué, une corne gauche qui cherche, la tête haute et la bouche fermée jusqu’à la fin, il charge encore après l’épée. Faena exclusivement de la droite, dans le style Chaves, jambes écartées. Le 5 détonne avec une charge molle, faena les pieds dans l’eau, pas grand-chose, bajonazo, et rappel pour l’ensemble de la carrière du maestro.
Damián Castaño torée la mansedumbre du 3 comme s’il était à Séville devant un des Zalduendo de jeudi. Faena sans poder sur une grosse bête de près de 600 kg. Il est renversé en la descabellant, porté presque inconscient à l’infirmerie. Il revient au 6 qui est un peu moins doux que le précédent, la pluie redouble. La faena est inégale, sans vraiment peser sur le taureau, épée entière et delantera, une oreille, pas scandaleuse, mais pas méritée pour moi.
Deux moments importants durant cette semaine bilbaina, la faena de Perera mardi et les Dolores Aguirre, on peut y ajouter les émouvants adieux d’El Juli.
Exception faite des deux corridas de Roca Rey, très peu de monde dans les arènes. Une place qui oublie ce qu’elle a été, ne programmant que du Domecq à l’exception des Dolores Aguirre. Un public qui applaudit les picadors lorsqu’ils ne piquent pas et une présidence qui baisse son niveau d’exigence, accordant par exemple deux oreilles sur une épée caída.