MAGIE et EXIGENCES vont de concert à la FSTF.
par Daniel Garipuy et Evelyne Lanfranchi Monleau, plumes inattendues pour raconter Juan Bautista !
Aficionados exigeants et peu arrangeants avec l’irrespect des strophes du règlement taurin, ils savent lâcher prise au bon moment, quand l’admiration et l’émotion submergent la rigueur.
Pour Evelyne, la carrière de Juan Bautista évoquée en une ode à son animalité ; pour Daniel, une reseña inattendue, comme un second souffle rendu devant la faena au premier Jandilla de la corrida « la belle histoire » du dimanche après midi à Istres.
Chapitre suivant ou paraphe final, ce retour en piste ne peut laisser indifférent, tant de bonheur à son issue.
Daniel Garipuy :
Istres le 15 juin, corrida de Jandilla, La Quinta, Juan Pedro Domecq (dans cet ordre), pour un mano a mano Juan Bautista qui fait son retour après plus de cinq ans d’absence, et Marco Pérez.
Sa faena au 1 de Jandilla vaut à elle seule le voyage à Istres. Après un brindis à Marco Pérez, on retrouve un grand Juan Bautista : temple, douceur, technique, émotion et pour finir un beau recibir, le tout sur la musique du concerto d’Aranjuez. Deux oreilles et la queue, ne boudons pas notre plaisir, cette faena vaut à elle seule le voyage à Istres. Sortie a hombros avec Marco Pérez et entre eux deux également porté a hombros, son jeune fils.
Evelyne Lanfranchi Monleau : 1999-2019
à JUAN BAUTISTA
Je sais
Je sais maintenant
Vous êtes le Toro
Longtemps j’ai cherché à vous écrire
Un poème de Toromagie pour sourire
Impossible sur l’homme d’écrire
Mais votre animalité m’inspire
Je sais
Vous êtes le Toro
J’aime ce toro que vous êtes
Du temps pour comprendre le fard
Des capes et des costumes pétards
Des jabots et des dentelles
Des zapatillas vernies et des bas à tire d’ailes
Je sais
Vous êtes le Toro
J’aime ce toro que vous êtes
Un aimant sans ferraille
Un souffle sans écaille
Une passe au fil de vos entrailles
Une épée dans votre main sans faille
Je sais
Vous êtes le Toro
J’aime ce toro que vous êtes
Une becerra hypnotisée m’a raconté
La berceuse que vous lui chantiez
Enfant toro aux boucles emmêlées
Et les coups pour manque de respect
Je sais
Vous êtes le Toro
J’aime ce corps à corps avec « Tanguisto »
Nîmes bascule dans l’hystérie
Votre culot à genoux sauve la Vie
Un jeu subtil au fil de vos yeux
La corne replace les plis de vos cheveux
Je sais
Vous êtes le Toro
J’aime ce toro joyeux que vous étiez
A Madrid, novillero coquille d’œuf
A Pamplona culotté comme un sou neuf
A Cali porté par le siècle neuf
Toro sans souci, parfait , tout neuf
Je sais
Les toros fatiguent aussi
J’aime ce Toro sérieux que vous étiez
Mano a mano de San Martin
Arles se réveille sans vous au matin
Froid et distant le rêve a trébuché
Un manque s’installe et vous débuchez*
Je sais
Les Toros ressuscitent aussi
J’aime ce toro sauveur que vous étiez
Arles noyée vous a repêché
Poisson toro au regard triste
Votre poil luisait au sable de la piste
A votre frère du jour vous avez tout donné
Et puis le temps en vingtaine a passé
Jusqu’à ce jour de septembre enrubanné
Où avec « Ingenioso » inattendu
Vous êtes pour toujours redevenu
Toro
A Jean Baptiste Jalabert « Juan Bautista »
Poème de TOROMAGIE
Arles 2019
* débucher : action de quitter le refuge, fait d’arriver à terrain découvert