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Auteur/autrice : Evelyne Lanfranchi
Lundi 30 septembre 2024
Lettre à un animaliste mal informé
par Antonio Purroy, professeur de Production Animale
Cher ami animaliste : suite à la 1ère Journée Parlementaire sur la Protection Animale intitulée Corrida et XXIème siècle (16/09/2024), je souhaite vous informer sur des aspects que vous ne connaissez pas de la philosophie animaliste que vous prônez avec tant d’enthousiasme. Avant de continuer, permettez-moi de vous dire que je ne suis pas du tout d’accord avec le fait que le mouvement animaliste, représenté par Sumar, ait eu le feu vert pour utiliser la Chambre des Députés, représentant tous les espagnols, pour organiser une journée avec l’argent public – lui aussi de tous les espagnols – dans le but d’attaquer la corrida, qui, au cas où vous ne le sauriez pas, est une activité culturelle légale sur tout le territoire espagnol, que l’État a l’obligation de protéger de par la Loi 18/2013 du 12 novembre qui la considère comme Patrimoine Culturel Immatériel.
Cette loi oblige les pouvoirs publics à la préserver et à favoriser son développement conformément aux dispositions de l’article 46 de la Constitution Espagnole. Malgré cela, le ministère de la Culture, et à sa tête son ministre, a eu l’audace d’organiser au siège du parlement une journée pour discuter de l’abolition (l’interdiction ?) de la corrida. Non content de cela, il vient d’annoncer qu’il n’allait financer aucune activité liée à la Fondation du Taureau de Lidia.
Mais venons-en au fait. Les animalistes disent qu’il n’y a pas de différence entre l’homme et l’animal, attribuant à ces derniers les mêmes droits que les humains. Aucune personne sensée, y compris vous, ne peut être d’accord avec cette affirmation. L’obligation qu’ont les humains est de protéger et de prendre soin des animaux, de ne pas les torturer ni de les abandonner, mais cela ne constitue pas en soi un droit des animaux. Si nous ne respectons ces obligations nous tombons sous le coup de l’article 333 du Code civil et de l’article 337 du Code pénal, qui prévoient en cas d’infraction de lourdes amendes financières, voire des peines de prison.
Vous ne savez peut-être pas que la Ligue Internationale des Droits des Animaux a proclamé en 1977 pas moins de 14 droits des animaux. Il s’agit de droits définis par les militants animalistes eux-mêmes et qui n’ont été approuvés par aucune organisation ou institution internationale indépendante. Une grande erreur.
Les animaux ne peuvent pas avoir de droits parce qu’ils n’ont pas d’obligations et parce qu’ils ne peuvent ni en créer, ni les expliquer ni les gérer. Les différences cognitives, linguistiques et sociales sont si grandes avec les humains qu’un animal ne pourrait comprendre ses droits, encore moins ses obligations. Avons-nous demandé aux animaux s’ils veulent des droits ? Et des obligations ?
Vos collègues insistent ensuite sur le fait que, puisque les animaux ressentent la même douleur que nous, ils ont également la même souffrance et que, par conséquent, nous sommes égaux. La douleur est possible, c’est sûr, en particulier chez les vertébrés supérieurs qui possèdent un système nerveux central comparable au nôtre. La souffrance non, car elle est exclusivement le propre de l’humain, qui pense, qui raisonne, qui dialogue, qui se projette dans l’avenir, qui pense à l’au-delà, qui craint la mort, summum pour lui de la souffrance… On peut encore aller un peu plus loin et affirmer que la souffrance est « tout ce qui amène une personne à se sentir seule, triste et malheureuse ».
Je suppose que vous avez remarqué l’opération que vos collègues ont lancée lors de la précédente législature, sous l’égide du Ministère des Droits Sociaux, à savoir la création de la Direction Générale des Droits des Animaux et tout ce qui en découle, notamment la Loi de protection des droits et du bien-être des animaux (BOE, 29/03/2023). C’est un bon moyen de s’assurer un emploi quand l’économie va mal et que ceux d’un bon nombre d’animalistes bien placés sont en danger, emploi qui correspond à ce qu’on appelle dans ce pays si traditionnel un travail facile de bistrot de plage.
Même si je n’en suis pas sûr, je pense que vous êtes végan et je veux vous faire part de quelques réflexions à ce sujet. Le véganisme est le fer de lance du mouvement animal et implique l’abstention totale d’utilisation de produits, articles et services d’origine animale (viande, lait, œufs, travail, laine et peaux, animaux de laboratoire, chasse, pêche, corrida, équitation, zoos, cirques…), ce qui affecte directement le fonctionnement harmonieux du milieu rural et de la société dans son ensemble.
Le régime végan est malsain en raison du manque de minéraux et de vitamines, ainsi que d’acides aminés et d’acides gras essentiels. Il est totalement déconseillé chez les femmes enceintes et allaitantes, les jeunes enfants, les adolescents, les malades, les personnes âgées et les adultes ayant des besoins nutritionnels élevés (travaux très physiques, sportifs de haut niveau…). N’oubliez pas que nous sommes omnivores et que nous devons manger de tout notamment des protéines d’origine animale, qui ont permis à l’homme de développer sa mâchoire, son système digestif et surtout son cerveau et ses capacités cognitives qui nous différencient tellement des animaux.
Je ne serais pas surpris si vous aviez un animal de compagnie. Il convient de noter qu’ils sont en partie bénéfiques pour les humains, car ils accompagnent ceux qui vivent seuls et peuvent empêcher de souffrir d’anxiété et de dépression. Cependant, les animalistes les plus avisés ont compris que posséder un animal de compagnie est de l’exploitation animale – même s’ils ne l’admettent pas publiquement – puisque l’homme les achète, les élève et en dispose, et que l’animal obéit. De plus, on les oblige à vivre une vie désanimalisée et totalement humanisée. Le philosophe espagnol Fernando Savater estime qu’ « il n’y a pas de vie plus que plus malheureuse que celle des animaux de compagnie ». Posséder un animal de compagnie est en grande contradiction avec le mouvement animaliste.
Vous ne croyez pas non plus à certains canulars – des canulars bénis – sur le changement climatique qui discréditent la production animale et la consommation de viande. Il y a quelques années, on a commencé à accuser les vaches d’être responsables du réchauffement climatique, car elles sont de grandes émettrices de méthane (CH4), qui est l’un des gaz à effet de serre (GES) les plus importants, avec le CO2 et l’oxyde d’azote (N2O). Le principal responsable du changement climatique est bien le CO2, en raison de sa forte concentration et de sa demi-vie élevée dans l’atmosphère. L’importante augmentation de sa concentration depuis la révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui, qui est passée de 280 à 424 ppm, accompagnée d’une demi-vie, avant sa dégradation dans l’atmosphère, d’environ 400 ans, est la grande responsable du réchauffement climatique sur la planète. Le développement effréné et la consommation massive de combustibles fossiles pour y parvenir ont changé la vie ordinaire que nous connaissions jusqu’il y a environ soixante-quinze ans, avec de grands dommages pour la planète.
Il ne vaut pas la peine de réfuter ce canular selon lequel la consommation de viande est très nocive pour le réchauffement climatique et pour la santé des consommateurs, car ces deux assertions sont fausses. Je veux juste vous indiquer que la fabrication de viande artificielle, qu’elle soit cultivée à partir de cellules souches ou de viande végan qui est une « viande » sans viande, deux procédés très coûteux en termes de connaissances scientifiques, de technologie et d’impact environnemental, a pour arrière-plan les grandes multinationales du secteur alimentaire qui en obtiennent de substantiels bénéfices On estime que le commerce de cette viande artificielle représentera environ 150 milliards de dollars par an d’ici 2030.
Et nous arrivons là où tout militant animaliste veut en arriver, à savoir l’attaque contre la corrida. Parfois, je pense que si elle n’existait pas les animalistes devraient l’inventer étant donné le bénéfice qu’elle leur apporte. La raison est simple : la corrida est très marquante et a un tel impact médiatique dans le monde que l’attaquer sert à l’animalisme, car elle lui confère beaucoup de visibilité et justifie ainsi le travail de cette mouvance auprès de ses fidèles.
L’argument massue des animalistes consiste à dire que la corrida est une torture et une maltraitance animale. Ces deux affirmations sont réfutables : ils ignorent la signification du mot torture – qui ne s’applique qu’aux humains – et ne connaissent pas la physiologie du taureau de combat.
Même si c’est en vain, je vais réaffirmer quelque chose que nous sommes fatigués de dire : les taureaux ne souffrent lors de leur élevage au campo ; les taureaux sont agressifs et féroces par nature ; les éleveurs ont créé la bravoure et la noblesse par sélection ; le taureau de combat représente le plus grand apport de notre pays à la zootechnie universelle ; le taureau est un grand protecteur de l’environnement ; le taureau de combat disparaîtra si les corridas disparaissent ; il existe – il n’existait – que deux subventions publiques à la corrida figurant dans les budgets généraux de l’État, 35 000 € pour la Fondation Taureau de Combat et 30 000 € pour le Prix National Taurin, cette dernière a été récemment supprimé (BOE, 09-06-2024) et il semble que celle de la Fondation soit vite amenée à disparaître; le taureau de combat est porteur de valeurs de vie et crée de la richesse économique ; le taureau de combat contribue à la cohésion territoriale espagnole ; le taureau de combat est l’un des grands représentants de la marque Espagne, etc. , bref, la Corrida est Culture.
Revenons aux accusations de tortures et maltraitances animales. La torture est la destruction intentionnelle d’un être humain entre les mains d’un autre, au moyen de diverses méthodes et instruments. Son but est généralement d’obtenir des aveux ou de punir. Les méthodes utilisées varient, mais elles visent toutes le même objectif : briser la victime, la détruire en tant que personne et nier sa condition humaine (Convention contre la Torture et autres Peines ou Traitements cruels, inhumains ou dégradants ; ONU, 1984). Il est évident que rien de ce qui est dit ici n’a à voir avec la lidia d’un taureau brave.
Concernant la maltraitance animale, il est scientifiquement prouvé que l’animal est capable de surmonter le stress et la douleur lors de la lidia ou des sorties dans les rues et sur les places. Sans en être conscients les éleveurs ont su sélectionner au cours des trois à quatre derniers siècles des animaux dotés d’un nouveau système neuroendocrinien pour répondre et surmonter le stress et la douleur, grâce à la sécrétion de grandes quantités de bêta-endorphines (hypophyses) et de méta-enképhalines (hypothalamus) ayant un grand pouvoir anesthésiant, capables de bloquer les récepteurs de la douleur ; la sécrétion de cortisol (hormone anti-stress) et des neurotransmetteurs dopamine et sérotonine permettent à l’animal de se sentir à l’aise pendant le combat et de charger encore et encore le cheval et le torero, sans présenter de symptômes de douleur.
Pour conclure, cher ami animaliste, je vous demande seulement de ne pas vous laisser tromper et manipuler par vos compagnons idéologiques, merci de vous informer auprès de sources fiables.
Salutations.
Antonio Purroy
traduit de l’espagnol par Daniel Garipuy
Citations complémentaires :
Du taureau à l’infini
« La naissance de la Fiesta Brava coïncide avec celle de la nationalité espagnole et du castillan… ainsi la corrida…… est quelque chose ancré en nous, imposé par la nature et l’histoire autant que la langue que nous parlons. » R. Pérez de Ayala
“…Même si c’est en vain, je vais réaffirmer quelque chose que nous sommes fatigués de dire : les taureaux ne souffrent pas durant leur élevage au champ ; les taureaux sont agressifs et féroces par nature ; les éleveurs ont créé la bravoure et la noblesse par sélection ; le taureau de combat représente le plus grand apport de notre pays à la zootechnie universelle ; le taureau est un grand protecteur de l’environnement ; le taureau brave disparaîtra si les corridas disparaissent… »
Antonio Purroy
AMTA, les amis du Musée taurin d’Arles.
Arles mérite bien un musée taurin !
L’AMTA est une société taurine culturelle adhérente de la FSTF. Son président Robert Régal présente l’association lors d’un entretien accordé à Helios films production.
pour lire et écouter, cliquez sur le lien ci-dessus
Saragosse 9 octobre : le sens perdu de la corrida concours
Une corrida concours a comme enjeu de primer l’élevage du taureau le plus complet dans les trois tiers. Elle a aussi un rôle pédagogique pour les spectateurs en leur montrant l’importance et la beauté du premier tiers.
La mesure de la bravoure ne se limite au nombre de piques mais à la façon qu’a le taureau de se comporter sous le fer. C’est ce qu’ont oublié les maestros à la concours de Saragosse.
Un exemple, Morenito de Aranda, que j’ai vu ailleurs plus inspiré, met le 6 de Salvador Gavira García, quatre fois au cheval : trois simili piques très légères, la dernière idem avec la pique de tienta. El Cid place le faible 5 de La Palmosilla au centre pour une troisième rencontre alors qu’il s’est affalé à la première et est sorti immédiatement à la seconde. Ferrera au 4, un Peñajara, qui ne montre aucune bravoure sur trois premières piques, le place au centre pour une dernière. Après une longue hésitation le pauvre taureau s’élance, puis tombe.
Conséquence : ce que le public applaudi n’est pas la bravoure, mais le nombre de piques et la course du taureau.
Pour le reste de la corrida, je ne retiens que des droites main basse d’El Cid au 5 qui lui valent une oreille généreuse. Ferrera fait une vuelta au 1, pour moi silence. Morenito de Aranda ne peut rien faire sur le sobrero 3bis de Salvador Gavira García décasté qui refuse le combat. Il s’accorde une vuelta contestable au 6 de trop peu de charge.
Le prix, qui pour moi aurait été desierto, est accordé à ‘Azulito’ de la Palmosilla, à coup sûr le meilleur taureau au troisième tiers, mais trop faible, ne transmettant pas, à genoux deux fois durant la lidia, souffreuteux à la pique.
Seule la musique a donné un semblant d’alegría à l’ensemble.
Daniel Garipuy
photo Jacques Sevenier JIES Arles corrida concours septembre 2009, quatrième rencontre Prieto de la Cal
Édito d’Octobre 2024 : Le lexique taurin se modernise par Daniel Garipuy
En matière de commentaires taurins, l’objectivité n’existe pas. A la sortie des arènes les avis sont en règle générale partagés, source de débats enflammés. Mais à quelques exceptions près, dont les deux revues françaises Toros et ToroMag, les reseñas de la presse taurine versent trop systématiquement dans le dithyrambe et dans l’atténuation de ce qui s’est passé comme si la réalité pouvait gêner. Pour certaines dont l’une des plus lues, Mundotoro, il suffit de savoir qui les finance pour le comprendre. Pour d’autres à l’audience plus limitée, on peut penser que leurs revisteros hésitent à se monter critiques vis-à-vis de leurs copains du mundillo, ou plus trivialement qu’ils sont soucieux de conserver leurs places dans le callejon.
Mais pour qui sait lire entre les lignes, quelques euphémismes nous mettent sur la voie. En voici un florilège qui pourrait nourrir un lexique taurin moderne.
Côté toreo
Toreo prudent : fuera de cacho et sur le pico,
–Toréer sur les bordures : toréer fuera de cacho,
–Le travail du torero n’a pas eu d’écho sur les étagères : on s’est ennuyé ferme,
–Le toro ota toute transmission à son trasteo : le toro a dominé, le torero a été débordé.
Pour le moment de vérité
– Estocade habile : julipié qui est au mieux bas, en fait le plus souvent un bajonazo,
– Une lame plus efficace qu’orthodoxe : un vilain bajonazo,
– Conclusion laborieuse : façon de passer sous silence le nombre d’estocades ratées,
Ou encore : le torero s’est un peu égaré les armes à la main, les aciers n’ont pas été exemplaires, la mort ne fut pas à la hauteur, une mise à mort approximative…
En matière de présentation et de comportement du toro
–Toro commode de tête : un taureau cornicorto ou brocho,
–Toro « très » commode de tête : soupçon avéré d’afeitado,
– Une variante, des défenses sans excès : un toro sans cornes,
–Toro collaborateur : toro soso qui bouffe la muleta bêtement, on s’ennuie ferme,
–Toro partenaire : comme le précédent. Aucune émotion. Où donc est l’éthique ?
–Toro discret au cheval : toro peu ou pas piqué,
– Toro modeste sous le cheval : même chose,
– Manque de transmission : toro de jeu limité, de peu de fond, sans force ni combativité,
–Toro juste de force : faible voire invalide,
–Toro intoréable : toro qui se défend,
–Le torero a indulté le toro : non, c’est le palco qui décide la grâce.
D’une façon systématique la faute d’une faena inaboutie est reprochée au toro et jamais au torero, la faute souvent à un toro qui n’offre pas d’options la préférence étant donnée à un toro qui sert, qualifié parfois de toro avec de la classe ce qui veut dire qu’il charge sagement la tête fixe.
Cette énumération est loin d’être exhaustive mais, derrière les mots, elle illustre et accompagne le glissement actuel vers l’affadissement du toro, vers le triomphalisme, in fine, vers la corrida spectacle.
Vous pouvez enrichir ce lexique des euphémismes, périphrases et autres litotes que vous rencontrez au fil de vos lectures.
N’hésitez pas à nous apporter vos contributions à l’adresse suivante:
mailto:etatsgenerauxdestauromachies@gmail.com
Daniel Garipuy
Hommage à Roger Merlin
C’est à l’initiative de Vidal Perez Herrero, directeur des éditions Temple à Madrid qu’a été rendu un hommage à Roger Merlin qui fut président de la FSTF pendant 15 années.
Ce moment d’émotion et de convivialité a eu lieu le samedi 21 septembre 2024 à Bayonne en présence de Nicole Vergara sa compagne et d’une forte affluence dans les locaux de la Peña Taurine Côte Basque dont le président, Georges Lecloux, animait la soirée.
Accompagnaient Vidal et sont intervenus : Juan José Urquia, président de l’association des vétérinaires de Las Ventas, Olivier Baratchart, directeur des arènes de Bayonne, Diego Ramos, artiste peintre, François Zumbiehl, directeur culturel de l’Union Latine et moi même.
Vidal Perez Herrero avait aussi tenu à ce qu’un hommage d’amitié et d’afición à Roger figure en bonne place dans la AGENDA TAURINA 2024.
In memoriam : Patrice Sifflet nous a quittés
Avec un trop grand retard mais toujours empreints d’une intense affliction, nous rendons compte de manière plus conséquente du décès de Patrice Sifflet, membre éminent de notre Fédération des Sociétés Taurines de France (FSTF), survenu à Béziers, le jeudi 11 juillet 2024, à l’âge de 76 ans.
Avec lui se sont éteints :
– Un dévouement inaltérable au syndicalisme qu’il a pratiqué et développé au sein des PTT et à côté du Secrétaire général de Force Ouvrière, son formidable ami, Marc Blondel.
– Un attachement territorial et cordial à Béziers, ville taurine, qu’il a pris, après Paris, avec toute sa famille, comme lieu de résidence définitif.
– Un attachement actif et fertile au département de l’Hérault dans lequel il exerçait sa solidarité envers les retraités en qualité de secrétaire de l’Union des Retraités FO et son militantisme au sein de la Fédération départementale de la Libre Pensée.
– Une solide et savante passion pour les toros qu’il savait faire découvrir et partager avec tous.
– Un dispensateur d’amitiés et de bonheurs collectifs, une inépuisable générosité.
Son afición était ancienne, elle procédait d’une découverte collective lors de séjours de vacances familiaux en Espagne, proposés par leur comité d’entreprise à de jeunes employés des PTT parisiens dont sa famille et lui faisaient partie. Voici ce qu’ils ont raconté dans leur bulletin, Paris Afición : « À la fin de l’été 1986 une poignée d’amis “aficionados a los toros” décide de créer un club pour vivre leur passion, tout au long de l’année […]. Loin des arènes, il s’agit de se retrouver, une fois par mois, autour d’un invité espagnol ou français, et de mettre l’hiver à profit pour « en savoir plus ». Toutes origines confondues, les membres du club sont une grande famille. »
Parmi les membres fondateurs de “cette grande famille”, si chère à leurs cœurs, il y avait Patrice Sifflet et Marc Blondel. Le nom du club, “La Querencia de Paris” était tout à fait bien trouvé. C’était enrichir, compléter, rajeunir et populariser l’afición parisienne qui n’était alors représentée que par le vénérable “Club Taurin de Paris” crée en 1947 et qui recrute principalement chez les intellectuels et les universitaires.
C’est lors du 81e congrès de la FSTF, organisé à Béziers en octobre 1997 par le club “Tendido7“, présidé par Pierre Rougeot, que “La Querencia de Paris” a manifesté son adhésion à la Fédération des Sociétés Taurines de France. Déjà, le frère aîné de Patrice Sifflet avait quitté Paris pour vivre sa retraite dans l’Hérault à Marseillan, près de Sète et non loin de Béziers. Le reste de la famille s’apprêtait à venir vivre à Béziers.
Les 28 et 29 octobre 2006, en coïncidence avec la fête de son 20e anniversaire d’existence, La Querencia de Paris recevait et organisait à Paris, sous la parfaite diligence de son président, Patrice Sifflet, le 90e congrès annuel de la Fédération des Sociétés Taurines de France. Peu de temps après, son président et nombre de ses membres avaient quitté Paris pour venir vivre dans l’Hérault.
Après avoir créé et présidée la Querencia de Béziers, adhérente elle aussi à la FSTF, c’est aux environs de 2010 que Patrice Sifflet fusionnait son club avec l’Union Taurine Biterroise (UTB) dont il devenait militant actif et dévoué si bien qu’il fit rapidement partie du comité directeur de cette association. Il apparaissait encore au sein de ce comité en février de cette année 2024, très élégant, avec lunettes, gilet noir, chemise de couleur bordeaux avec manchettes bleues, comme le montre la photo visible sur site de l’UTB.
Il a toujours poursuivi et entretenu d’excellents rapports avec la FSTF. Ainsi en 2013 il rejoignait notre Corps des Présidents et Alguazils de Corridas créé en novembre 2012 et placé sous la responsabilité du biterrois André Roques.
Le colloque du 4 octobre 2016, organisé au Sénat à Paris par l’Union des Villes Taurines de France avec l’appui du président Gérard Larcher, réunit le monde des tauromachies, de l’agriculture, de la chasse et toutes les filières en butte aux attaques des milieux végans et animalistes, et aussi les défenseurs des traditions culturelles et gastronomiques locales et des langues régionales. En conclusion de ce colloque la charte Esprit du Sud est publiée. Une association “Esprit du Sud” se réplique progressivement sur le même modèle dans chacun des départements de nos trois régions du sud : Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’azur. Le 15 février 2017, l’Esprit du Sud 34 se constitue dans l’Hérault, Patrice en est choisi comme président. Ceci le mobilise, en octobre 2022, quand les députés Aymeric Caron & Cie produisent la proposition de loi n°329 visant à abolir la corrida. Patrice défend alors brillamment la corrida dans la presse héraultaise et participe à une victoire qui obligera Aymeric Caron à retirer piteusement son projet de loi.
Enfin, nous sommes assez nombreux à la FSTF qui, à compter du début des années 2000, avons eu le bonheur de festoyer, lors des ferias du 15 août à Béziers, au Patio de caballos, nom de la bodega privée sise dans la demeure biterroise de Patrice Sifflet. Y étaient invités tous ceux de la Querencia de Paris et, plus largement, tous les amis de Patrice. Les abondantes tapas et boissons, la musique sonorisée, prenaient place dans le jardin. S’il faisait beau temps, il pouvait s’y trouver plus de 200 personnes. Il fallait aller visiter, au sous-sol, une pièce teintée de sang et d’or, aux murs couverts d’affiches de corrida et de portraits de toreros. Nous étions là dans l’esprit qui faisait de Béziers une Séville française. Patrice rayonnait d’un bonheur communicatif et était heureux de rendre les autres heureux. Il faisait de l’amitié et de la générosité un art de vivre.
C’est avec une profonde tristesse que, Dominique Valmary, président de la FSTF, les membres de son Bureau et tous les aficionados appartenant à ses sociétés taurines, assurent à Mme Geneviève Sifflet, son épouse, M. Florent Sifflet, son fils, et toute leur famille, de leur profonde sympathie. Qu’ils sachent bien que Patrice ne cessera jamais de vivre dans leur souvenir.
Jean-Jacques Dhomps
photo Hugues Bousquet
ARLES CORRIDA DE VALVERDE
Belle tarde de toros pleine d’émotion à Arles ce jour:
Les toros de Valverde, magnifiques de trapio, tous cinqueños avec le moteur et le sentido de toros de 5 ans, attentifs à tout ce qui se passait autour de l’arène et sensibles au moindre geste dans le callejon ou au moindre coup de cape des peons. Donc pas forcément faciles à lidier.
Juan de castilla montre les deux facettes de son toréo: les gestes osés qui portent sur le public à son premier: entame à genoux et manoletina à genoux aussi, mais il échoue à l’épée. Son second sera le seul toro faible du lot devant lequel il mènera une lidia plus classique, mais à nouveau il tuera mal.
Jesus Enrique Colombo travaille lui aussi dans le spectaculaire à son premier, avec un quite par zapopina puis aux banderilles qu’il pose lui-même en portant sur le public. Son toro est plus noble que celui de Castilla, un peu plus réservé à gauche mais lui permet de terminer par des luquecinas malhaureusement après un pinchazo et un mete y saca sans muleta l’entière concluante ne lui permettra pas de recevoir l’oreille réclamée par le public mais refusée par la présidence. A son second, dangereux, qui saute dans les véroniques et à la faena n’acceptera que des passes de châtiment, l’estocade au deuxième essai sera superbe même s’il est pris et subit un choc apparemment sans conséquences et lui vaudra l’oreille du courage.
Solera réalise à son premier le travail le plus remarquable de la tarde: le toro est noble, et sa lidia est exemplaire avec un très bon tercio de piques mené par Jean-Loup Aillet, la première poussée jusqu’aux barrières la seconde plus légère mais chargée de loin. Comme le toro a de la fixité dans le leurre, la faena est très classique, menée avec classe en musique. Malheureusement la première épée a recibir tombera en bajonazo la seconde en place étant concluante. A son second presque aussi dur que le cinquième, il infligera 4 piques menées par Pons Puchano et il arrivera à tirer des passes à un toro compliqué et difficile. La pétition sera importante, mais la présidence estimant que la faena n’avait pas été assez structurée refusera l’oreille et il devra se contenter d’une vuelta. Mais on aimera le revoir!
Une très bonne tarde et les absents encore une fois ont eu tort!
Amicalement,
Jean-Yves Blouin.
reportage
ARLES GOYESQUE GARCIGRANDE
Tout était prêt mais le vent a troublé la fête : d’abord en balayant les copeaux multicolores qui décoraient la piste pour illustrer la palette de Goya et on est revenu au sable traditionnel ; puis en gênant considérablement les toreros notamment en début de corrida avec de fortes rafales. Jean-Yves Blouin. |
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