Et si on parlait éthique
N’en déplaise à ceux qui la combattent ou à ceux qui veulent l’ignorer les pratiques éthiques sont autant d’éléments consubstantiels à la corrida. En effet lorsque l’homme a pris conscience que le combat avec le taureau ne pouvait pas être équilibré il a mesuré la nécessité de fixer un cadre contraignant pour lui. La fascination que provoque le taureau pour l’homme, aujourd’hui sa puissance, sa bravoure et sa sauvagerie, hier sa force et sa fertilité, imposait en effet de garantir son plus profond respect. Ce respect s’exprime dans les élevages avec les 4 et 5 ans de vie de liberté pour le taureau, les 15 à 20 ans de vie pour la vache gestante dans des espaces naturels préservés. Il devait en être de même dans l’arène. Aussi à l’heure où la sensibilité exacerbée au bien être animal stigmatise les pratiques tauromachiques n’est-il pas inutile de rappeler que la corrida s’exerce selon des recommandations contenues dans les divers règlements taurins dont l’essentiel est commun aux différentes communautés et pays de tradition taurine.
Le bon comportement à adopter est de camper sur les fondamentaux qui ont été codifiés au fil du temps, de veiller à leur préservation et surtout à leur application. En effet comme pour toute pratique humaine, les enjeux, la force de l’habitude, la mansuétude mais aussi les effets de la compétition peuvent mener à la transgression ce qui justifie l’existence de règles et de sanctions.
Même si tout n’est pas parfait saluons ici le dispositif français que les espagnols nous envient en matière d’examens des cornes mis en place chez nous depuis maintenant plus de 20 ans. Il diffère par son aspect systématique et aléatoire de celui de nos voisins qui ont délégué la décision de prélever au président de la course lorsqu’il doute de l’état des armures. En conséquence le nombre de cornes examinées en France y est très supérieur en valeur absolue (une centaine de cornes sont expertisées chaque année) et donc encore plus en pourcentage. L’Espagne vient de constater une situation contrevenant aux exigences posées par le règlement, il faut saluer la démarche engagée et suivre son cours. Ces révélations et dénonciations de pratiques condamnables démontrent l’utilité des règles pour garantir l’intégrité du taureau. Ne pas laisser le couvercle sur la marmite garantit au regard de l’opinion la sincérité recherchée dans la préservation de l’éthique à la charge des autorités. Cela devrait inciter l’Union des Villes Taurines de France à communiquer comme elle le faisait dans le temps en publiant le commentaire de la campagne de prélèvements qu’elle engage chaque saison.
Par ailleurs exposer les règlements taurins et enseigner le respect de l’éthique devant les futurs toreros doit être un objectif prioritaire des écoles taurines en allant au delà de la seule transmission par les professionnels qui, bien entendu, est aussi utile. Gageons que certains s’y emploient. Il s’agit là d’une partie essentielle de l’enseignement à dispenser. La FSTF se déclare prête à travailler cette problématique avec ceux qui ont la lourde charge de transmettre le savoir combattre les taureaux braves. Espérons qu’elle soit entendue, il y va, là aussi, de la crédibilité interne et externe de la corrida.