Passer dix années à la présidence de la FSTF est une tâche lourde et prenante mais surtout une tâche passionnante. Une tâche d’autant plus passionnante que l’époque et ses avatars telles les menaces d’interdiction mais aussi l’évolution effrénée de la corrida vers une modernisation et sa part d’illusions menacent sa seule justification morale et sociale, à savoir la mise en situation de ce taureau si particulier qui est né pour combattre.
L’accompagnement par l’UVTF et le mundillo de la prédominance du spectaculaire qui passe par l’affadissement d’un taureau désormais programmé pour un troisième tiers triomphal est regrettable et sera dommageable. Le spectacle, ce n’est pas ce qui justifie la corrida. Ce qui la justifie moralement encore aujourd’hui face aux animalistes ce sont les obligations que la présentation en public d’un animal sauvage impose, à savoir, son respect, son intégrité préservée et la valorisation de ses qualités et forces originelles, le combat.
D’où le rôle que la FSTF a toujours joué depuis sa création en 1910 en application d’objectifs statutaires constants : défendre l’éthique en corrida, l’intégrité du taureau et les intérêts des aficionados. Pour cela il ne suffit pas de dénoncer et de critiquer, il faut aussi être force de proposition, prendre l’initiative et agir.
En dix ans mon équipe, les aficionados qui nous ont suivi, certains professionnels que je remercie ici ont permis de nombreuses réalisations. Le déploiement du Corps des Présidents et Alguazils de Corridas et de son thésaurus pédagogique, la tenue des États Généraux des Tauromachies qui ont esquissé la tauromachie partagée de demain, la création du groupe Les SOCIOS de la FSTF mais aussi notre projet d’un Règlement Taurin à la hauteur des enjeux, ce n’est pas rien.
Bien sûr tout ce que j’attendais n’a pas abouti et les résistances sont nombreuses mais je sais que la FSTF demeurera fidèle à son rôle de veille et de lanceur d’alerte tout autant que d’acteur et restera toujours à l’initiative.
Revenir aux fondamentaux de la tauromachie sans céder à la seule obsession court-termiste de remplir les arènes – elle ne suffira pas à sauver la corrida – est un objectif atteignable. Dans ce contexte ne pas abandonner le toro de lidia au mercantilisme ambiant est impératif.
Cette ligne, je la sais acceptée par l’équipe fédérale qui va prendre la suite, comme quoi transmettre la foi taurine à une cuadrilla rajeunie et féminisée est possible
! Suerte a todos !