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Edito février par Dominique Valmary Illusion

 L’Édito de Dominique Valmary

Illusion

Le communiqué habituel au collectif des professionnels français paraît cette année plus incisif même si les derniers termes essayent d’en atténuer les effets auprès des donneurs d’ordre. Il n’en a pas moins suscité des réponses immédiates et cinglantes de la part des arènes citées, chiffres à l’appui.

Lorsque les temps sont difficiles, il est naturel de se recroqueviller sur soi-même pour tenter de préserver ses propres intérêts. Toutefois, sans nier les problèmes rencontrés par les jeunes matadors et autres professionnels, ne faut-il pas remonter aux causes profondes d’une situation produite et entretenue par le mundillo.

Un constat, les occasions de se produire diminuent alors que les postulants sont toujours plus nombreux, et on sait aussi combien les solutions protectionnistes ne peuvent être durables.

Ainsi devrait remonter à la surface la manière dont sont sélectionnés les toreros. Pour réussir et devenir « figure », il faut réunir de grandes compétences techniques, avoir beaucoup de personnalité, une très forte détermination, de l’entregent, et une bonne part de chance.

Formellement, c’est la cérémonie de l’alternative qui ouvre les portes de la carrière ; ILLUSION !

Toutes les alternatives ne sont pas égales. Pour certains prétendants, l’alternative ne devrait être qu’un aboutissement marqué par la remise du diplôme de fin de cycle concluant l’apprentissage suivi sans perspective de mener une carrière. Pour d’autres, peu nombreux, ce sera une ouverture, l’entrée dans la vie professionnelle, mais là encore rien n’est gagné.

Or aucune distinction n’est faite, seule la confrontation aux dures réalités du terrain va établir la hiérarchie et produire les inévitables frustrations, sources de dommages durables pour les exclus. «Essayer. Rater. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux » le conseil de Samuel Beckett n’est pas adapté à la tauromachie où les résultats doivent être immédiats dès que l’on est reconnu matador de toros.

La responsabilité des enseignants, accompagnateurs et conseillers est totale dans la fabrication et l’entretien des illusions alors même qu’ils savent que seule une pratique intensive permet de progresser et d’exister. On en viendrait presque à regretter l’époque où le passage par le métier de péon et la reconnaissance par le maestro étaient la règle.

Dire ceci n’est pas critiquer négativement, ce serait d’ailleurs en contradiction avec le nombre de figures françaises sorties par notre système national depuis Pierre Schull ; en proportion, les résultats sont en effet statistiquement plus performants que ceux de notre grand voisin.

Cependant il n’est pas acceptable d’entretenir des illusions perdues d’avance. Être plus sélectif est nécessaire si l’on veut gommer certaines frustrations tout en préservant l’espoir d’une relève.

Bien sûr tout récipiendaire de l’alternative demeure torero à vie et la corrida doit rester une affaire de passion.

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